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Accessibilit� num�rique, �ducation et d�fis du d�veloppement...
Les Cahiers du Num�rique  Suite
L'utilisation des m�dias en synergie: Une tendance historique   Suite
Accessibilit� num�rique, �ducation et d�fis du d�veloppement...
Les Cahiers du Num�rique

Dans les exemples qui pr�c�dent,emprunt�s pour la plupart aux pays du Nord,nous avons vu combien la vision optimiste sur le d�veloppement des infrastructures num�riques,vient en mati�re d��ducation (comme dans d�autres domaines d�ailleurs), buter sur les r�sistances humaines et institutionnelles dont le franchissement n�est que trop rarement pris en compte au niveau des d�cideurs.
Dans les pays du Sud, la conviction technocratique se retrouve chez les b�illeurs et r�cepteurs de fonds mais on note toutefois une perception plus r�aliste,car le contact avec la pauvret� fait appara�tre plus vite et plus clairement les �checs ou les distorsions tandis que s�impose peu � peu la n�cessaire prise en compte des facteurs sociaux et culturels.

Dans sa pr�face  au dernier (2001) rapport sur le d�veloppement humain (8),le Programme des Nations Unies pour le D�veloppement (PNUD), insiste sur l�apport des  technologies num�riques g�n�ratrices  de  progr�s observables dans les pays �mergents,  par l�apport d�informations  vitales et peu co�teuses en mati�re de sant�,  d�agriculture etc..et par le stimulant  qu�elles constituent  pour  une offre �ducative de qualit�, garante  d�un essor �conomique harmonieux et soutenu.Nous retrouvons ici avec les nuances que peut apporter une �quipe scientifique hautement exp�riment�e, la  conviction politique  sous-jacente dans certains minist�res, � la Banque Mondiale , voire dans les Directions de l�Union Europ�enne,selon laquelle la g�n�ralisation de l�acc�s num�rique est une condition essentielle pour le d�collage et l��panouissement de l�enseignement ouvert et � distance, vaste espoir et rem�de durable au sous-d�veloppement chronique.

Au fil des pages,de Bangalore  au Br�sil, en passant par l�Afrique de l�Est,les exemples sont nombreux et convaincants mais les auteurs ne tombent pas dans le travers qui consisterait � annoncer haut et fort la fin programm�e du � foss� num�rique � et � terme celle des in�galit�s sociales criantes entre le Nord et le Sud. Comme l�indique Mark Malloch Brown dans sa pr�face, il n�y a pas de � plan d�action simple �(9) et, trop souvent, le foss� continue � se creuser.

Nous  limiterons  les quelques r�flexions qui suivent au secteur �ducatif dans les  pays dits � �mergents �,ceux o�  la pr�sence de ressources agricoles  et d�une infrastructure m�me imparfaite (�nergie, transports etc..),permettent  de  mettre en place des exp�riences �ducatives  reposant sur des moyens num�riques  et de les faire vivre sans d�pendre exclusivement d�une aide internationale toujours  al�atoire.L�analyse des cas �tudi�s avec leurs r�ussites et leurs limites nous montre   quelles conditions  pr�alables doivent  �tre r�unies et   quelles sont les garanties de leur poursuite et de leur extension.

 Les carences �ducatives sont en effet criantes : sur les 4,6 milliards d��tres humains qui habitent les pays  en voie de d�veloppement , on compte  en effet 854 millions d�illettr�s adultes  et 325 millions d�enfants qui ne suivent aucune scolarit� et, dans tous les cas, la proportion de femmes victimes de cet �tat de choses est tr�s largement plus �lev�e que celle des hommes.  
 
L� o� manquent les infrastructures scolaires ,les moyens d�acc�s num�riques font �galement cruellement d�faut mais les  in�galit�s  sont  plus subtiles et  certains pays  nous offrent l�exemple d�une coexistence de secteurs hautement d�velopp�s  et  de semi-d�serts �ducatifs.
(8)Human Development Report 2001,Making New Technologies Work for Development,UNDP/PNUD, Oxford University Press, 2001.
(9)P IV, op.cit 

C�est le cas du Br�sil o� la seule agglom�ration de Sao Paulo utilise plus de largeur de  bande internationale pour Internet que l�Afrique enti�re alors que les instituteurs des �coles rurales du nordeste ont une formation tr�s insuffisante ou de l�Inde, qui poss�de � Bangalore un centre de production de hardware et de traitement des donn�es de classe internationale qui rapporte chaque ann�e 4 milliards de dollars � l��conomie  alors que  le pays  dans son ensemble pr�sente un taux d�analphab�tisme des adultes se situant au-dessus de 40%.

Obstacles administratifs , carences des infrastructures,co�t des appareils

Ces distorsions  propres aux pays  en voie d��mergence,peuvent laisser esp�rer que les zones de carence c�deront peu � peu la place  aux secteurs dynamiques de la nouvelle �conomie  et de l��ducation  en ligne,   accessible � tous   par un effet  de contagion b�n�fique.  Trop souvent malheureusement, les obstacles traditionnels  demeurent  et rel�vent davantage  de la passivit� des pouvoirs publics avec pour corollaire l�absence de r�gles claires ,que du  contexte physique,climat ou situation g�ographique�Nous citerons  ici  les cadres nationaux  de r�gulation des t�l�communications con�ues comme la chasse gard�e des amis du pouvoir lorsqu�existent des monopoles d��tat gardiens de l�archa�sme technologique  ou des monopoles priv�s,les uns comme les autres pratiquant  des tarifs dissuasifs pensant  sans doute qu�il  s�agit de produits et services de luxe dont l�acc�s  doit �tre r�serv� aux classes ais�es et  aux expatri�s  et ignorant  superbement comme nous l�avons constat� en Argentine il y a quelques ann�es, le potentiel du march�  de l��ducation et de la formation. Les choses commencent � �voluer mais les d�cideurs en mati�re d��ducation doivent rester attentifs comme nous le verrons  plus loin  pour analyser  avec lucidit� les offres d��quipement qui leur sont faites, offres all�chantes certes,  mais impossibles � g�rer � long terme.

Plus criantes encore sont les carences  en infrastructures technologiques traditionnelles qui limitent consid�rablement  les efforts de cr�ativit� �ducative visant �  aider les �coles isol�es  des pays en voie de d�veloppement : comment parler d�Internet  ou de   formation par la TV  num�rique interactive dans des r�gions o� les habitants  , soit deux milliards d��tres humains , le tiers de de la population mondiale  ne b�n�ficient pas  de l��lectricit� ? On peut ici ou l� imaginer des solutions palliatives,panneaux solaires ou postes de radio � manivelle mais elles sont souvent mal connues, difficiles � mettre en �uvre  et � entretenir dans  la dur�e�

L�existence de ces obstacles ne doit pas emp�cher de rechercher les innovations techniques et sociales qui permettent  de  cr�er  des � environnements d�apprentissage � ou ce que Jan Visser appelle des � communaut�s apprenantes �(11).

Pour qu�il y ait acc�s � un r�seau num�rique de transmission de donn�es �ducatives,le premier obstacle rencontr� c�est  bien souvent l�interface de dialogue c�est � dire l�ordinateur ,appareil banal dans les pays du Nord,g�n�ralement fabriqu� en Asie du Sud Est, mais dont le prix d�achat que l�on peut situer  aux environs de 1000 Euros, reste le plus souvent inaccessible dans les bureaux et les �coles du Sud. La solution passe par des usages partag�s,cybercaf�s,centres communautaires et bient�t par la fabrication  locale d�appareils  simples mais fournissant  les capacit�s communicatives essentielles comme  l�ordinateur mis au point par l�Universit� F�d�rale de Minas Gerais au Br�sil � la demande du gouvernement f�d�ral et dont le prix de vente ne devrait pas exc�der 330 euros  ou le Simputer indien qui devrait, pour un prix comparable, offrir une interactivit� reposant non seulement sur le clavier mais aussi sur un �cran tactile  accessible aux personnes ne sachant pas lire .
(10)p 3 op.cit
(11) Visser,Jan,Director Unesco,Learning Without Frontiers coordination unit(April 99),6th International Floor,Overcoming the underdevelopment of learning , a transdisciplinary view.


Pour la diffusion,les exp�riences d�appropriation peu co�teuses se multiplient,par des alliances coop�ratives et le mariage d�Internet avec le satellite ou des medias classiques
comme la radio. Nous citerons ici la Red Cientifica Peruana(RCP),organisation � but non lucratif  reposant sur un r�seau de centres communautaires,de kiosques en acc�s libre et dont le succ�s a  servi de mod�le pour le programme Infodev de la Banque Mondiale .Au Sri Lanka,comme l�indique le dernier rapport du PNUD(12),la  radio communautaire de Kothmale r�pond aux questions  en provenance des �coles en faisant des recherches sur le  Net et  en construisant des �missions autour des r�sultats obtenus.
Dans le monde francophone , l�exp�rience du Canal EF(13 ),ax� sur l�Afrique,commence � prendre un  essor prometteur :elle associe aux programmes �ducatifs de  radio num�rique re�us dans toutes les r�gions du continent gr�ce �  Afristar  sur un r�cepteur co�tant environ 110 euros, la possibilit� de t�l�charger des pages HTML, � condition toutefois �de disposer  de l��lectricit� et d�un ordinateur !


Les indispensables communaut�s d�apprentissage


Jan Visser(14) enrichi par les exp�riences et r�flexions d�une  carri�re   consacr�e � l��ducation en Afrique australe et des responsabilit�s au sein de l�Unesco, s�efforce d�identifier  et d�analyser le fonctionnement de ce qu�il appelle les   � communaut�s apprenantes �  et leur relation avec les medias technologiques :
       

� Il y  a de  nombreux  exemples  de communaut�s d�apprentissage.Elles apparaissent dans
les �coles,sur les march�s , les lieux de travail ,les lieux o� l�on prie,les foyers,le cadre �tendu
de la famille et des amis etc�Ces communaut�s sont �galement suscit�es par les medias comme
le montrent les  exp�riences de radios communautaires ,les stations de t�l�vision locales  au service
de  petites collectivit�s ,les vid�os de village , la presse locale et rurale mais aussi et de plus en plus,
dans le contexte de r�seaux de medias plus vastes qui attirent des publics globaux ,surtout depuis que
ces publics ont la possibilit� de se faire entendre notamment par le truchement de l�Internet.
Internet a donn� naissance � un grand nombre de m�canismes tr�s divers par lesquels les personnes deviennent  membres de communaut�s qui retirent un fort b�n�fice d�apprentissage de leur interaction mutuelle. �(15)

Le m�me auteur a pr�sent� avec David Berg dans la revue Educational Technology Research and Development (16 ) une  �tude de   cas venant du Zimbabwe et montrant une communaut� apprenante � plusieurs niveaux,atteignant des objectifs qui d�passent la seule institution scolaire  et ce,gr�ce � la mise en symbiose d��l�ments humains tr�s divers autour d�un acc�s num�rique modeste mais bien g�r� .
Les cinq Instituts de Formation des Ma�tres du Zimbabwe ont re�u chacun , au  d�but de  1997 un ordinateur Pentium haut de gamme et un abonnement d�un an � Internet  via un r�seau micro-ondes avec la  possibilit�  de communiquer t�l�phoniquement � partir de chaque site .
Sur le plan humain, le projet a b�n�fici� de l�assistance technique de l�op�rateur national des t�l�communications  et, dans chaque Institut, deux professeurs  ont re�u une formation portant sur les applications p�dagogiques de cette technologie.
(12)p 87
(13)Le Canal Educatif Francophone,Agence intergouvernementale de la Francophonie,13 Quai A.Citro�n , 75015 [email protected]
(14)Jan Visser , Learning Development [email protected]
(15)Jan Visser op.cit


Ces professeurs-animateurs ont  d�abord  mis en route de nombreuses activit�s au sein de leurs �tablissements respectifs , activit�s permettant aux �tudiants d�approfondir le contenu des cours suivis � l�Institut  et d�acqu�rir en m�me temps  un savoir-faire pratique portant  sur l�utilisation des  supports technologiques et  du traitement de l�information en ligne .Par ailleurs , avec l�aide des �tudiants,ils ont ouvert  un acc�s  �  Internet pour les projets �manant des �coles secondaires et du secteur associatif  de chaque r�gion concern�e contribuant ainsi � cr�er une  dynamique de la formation continue � distance  impliquant la communaut� toute enti�re.
Une analyse des raisons du  succ�s de cette op�ration de d�multiplication  de la formation que nous nous permettons d�appeler en cascade  (terme plus appropri� au Zimbabwe que la traditionnelle boule de neige,pour des raisons climatiques �videntes),fait ressortir dans un contexte de d�veloppement volontariste , un certain nombre de points forts :
    -une pr�paration humaine approfondie passant par la formation manipulatoire des 10 professeurs-ressource (deux par site) assortie d� une r�flexion sur les priorit�s �ducatives � satisfaire et d� une analyse du tissu social dans lequel se trouvent les Instituts, ind�pendamment des r�flexes corporatifs,hi�rarchiques,tribaux, etc..

    -une assistance technique sans failles
    
    -une volont�  de sortir du microcosme universitaire et de b�tir des passerelles avec  les lyc�es,les organismes d�enseignement � distance etc,d�ouvrir ce que nous  appelons   parfois , des � fen�tres sociales �,ces actions de communication qui cr�dibilisent la formation � distance aupr�s de collectivit�s parfois r�ticentes � admettre son bien-fond� ,pensant qu�il s�agit l� d�une transmission du savoir au rabais.

Le cas  que nous venons de citer montre l�attention qu�il faut pr�ter au contexte humain et de sa n�cessaire ad� quation avec les outils num�riques qui ne doivent jamais �tre projet�s , parachut�s,impos�s technocratiquement comme un pr�alable  �  toute r�flexion socio-p�dagogique. En effet,ce qui valait pour la t�l�vision �ducative vaut aussi pour les �quipements num�riques et la liste des �checs du � tout technologique � est impressionnante.

Une fois les acteurs motiv�s et form�s,la vigilance ne doit pas se rel�cher,qu�il s�agisse des imp�ratifs �conomiques de fonctionnement ,des facteurs humains  et des sp�cificit�s culturelles.
Un responsable p�ruvien du programme d�enseignement � distance du Minist�re de l�Education, le professeur Alberto Patino, nous commentait r�cemment les r�sultats obtenus gr�ce � la diffusion d�Internet par satellite   et aux VSat dans 300 �coles rurales(17) dans le cadre du Plan Educaci�n Rural . Ces r�sultats sont  largement positifs par rapport aux objectifs fix�s et la Banque Mondiale envisage dans un proche avenir (fin 2001), une extension � 2000 �coles dans le cadre du Plan Huascar�n. Il ajoutait toutefois que le probl�me du retour,de la requ�te,du dialogue, ne pouvait �tre r�solu de fa�on simple,les �coles souvent situ�es dans des zones montagneuses peu accessibles,�tant d�pourvues de t�l�phones car l�installation de lignes  ou de relais �tait impossible � envisager pour des raisons �conomiques �videntes.Survint alors une entreprise internationale qui offrit d��quiper   gratuitement chaque �cole  d�une valise t�l�phonique par  satellite ,chaque communication �tant ensuite factur�e entre deux trois dollars la minute,somme exorbitante en rapport de la dur�e n�cessaire des communications et des ressources du pays !
(17) : Le Professeur Alberto Patino (Universit� Catholique de Lima) est   un des responsables du Plan Huascar�n qui, apr�s la premi�re phase  Educaci�n Rural,,va atteindre 2000 �coles �loign�es .Il est membre de la cha�ne �ducative euro- ib�ro-am�ricaine ATEI.

La communication �ducative par voie num�rique dont le prix   s�abaisse rapidement va ,pour la plupart des pays �mergents , rencontrer un point de blocage �conomique  au niveau de l�exploitation p�dagogique,qu�il s�agisse du travail en salle de classe ou  de l��tude individuelle.Le rapport du PNUD 2001 nous indique (p 30) qu�envoyer un document de 40 pages en fichier attach� du Chili au Kenya co�te environ 0,12 euros ce qui est tr�s modique mais il omet de pr�ciser si  le r�cepteur kenyan a les moyens de l�imprimer, voire de le polycopier,  r�flexe quotidien des professeurs des pays industrialis�s qui t�l�chargent des supports pour leurs cours sans penser au prix du papier !
N�oublions pas non plus pour reprendre la m�me source statistique que si des utilisations collectives  sont  g�rables dans le cadre de projets �ducatifs soigneusement pens�s en termes d�infrastructures humaines  ,d��quipement et de fonctionnement ,il est totalement exclu de penser � des prolongements individuels ,� des travaux � r�aliser par l��tudiant chez lui,lorqu�on sait que le co�t mensuel de l�utilisation d�Internet repr�sente 1,2%  du revenu moyen aux Etats Unis , 60%  au Sri Lanka et 614%  � Madagascar(p 80 PNUD ).

Ces obstacles �conomiques peuvent,  si les partenaires font preuve de cr�ativit�,�tre des stimulants  qui poussent � inventer de nouvelles formes d�acc�s partag� comme on le constate tout particuli�rement en Am�rique du Sud et en Asie du Sud Est.Cela signifie qu�il faut identifier et valoriser les � relais humains � comme cela fut le cas au Zimbabwe,informer,
sensibiliser et associer les acteurs du syst�me �ducatif ,leur montrer qu�ils (elles) peuvent  non seulement organiser une r�ception active chez les �l�ves    autour des programmes en ligne mais �galement contribuer � l�enrichissement du syst�me en aidant � formuler des solutions alternatives retransmises � l�ensemble du r�seau.

Dynamiser l��crit , pr�server les cultures

Il ne faut pas oublier non plus l�importance du lu,de la lecture de ce que recouvre le mot anglais literacy .Un des buts de tout processus  �ducatif n�est-il pas d�amener � verbaliser et � abstraire � partir de l�observation du r�el    ce  qui rend essentielle la manipulation de l��crit sur papier ou sur ecran ? Dans une �tude pr�c�dente (18) ,nous avons �t� amen� �  souligner les confusions  qui peuvent surgir autour de l��crit vehicul� par les messages d�Internet o� la forme �crite recouvre en fait  une expression proche de l�oralit� spontan�e,pouss�e jusqu�� la caricature dans les � textos � des t�l�phones portables ,bien loin de la densit� et de l�abstraction d�un �crit ma�tris�. Cela renforce le danger d�apauvrissement linguistique,  le  risque de tomber dans un sabir simplifi� vaguement apparent�  � un anglais ab�tardi. 

L�exp�rience des deux derni�res d�cennies montre au    contraire  que le d�sir de d�veloppement passe par l�appropriation des technologies de l�information et de la communication pour pr�server les langues et cultures menac�es parceque minoritaires et pour asseoir l�identit� culturelle dans la modernit� efficace
Nous en donnerons deux exemples :l�un nous vient de la Banque Mondiale et il est rapport� par Thomas L. Friedman dans son essai sur la globalisation ,The Lexus and the Olive Tree (19) , ouvrage qui alimente par ailleurs bien des controverses  avant et apr�s les attentats du 11 septembre.L�auteur  y rapporte comment le pr�sident de la Banque Mondiale James Wolfensohn  s�est laiss� convaincre par  les anciens d�un village tr�s pauvre d�une r�gion recul�e du Guatemala,qui en pr�alable � toute aide �ducative et sanitaire, ont demand�  � la Banque  de financer la pr�servation syst�matique de la tr�s riche et tr�s ancienne tradition orale, base de la culture maya : l�avenir  ne peut se b�tir  sans assurer et pr�server les bases de

(18) Some Ethical Concerns in Ed-Tech consultancies across borders in Educational Technology Research and Development,Number 4,2000
(19) Friedman , Thomas L; The Lexus and the Olive Tree,Anchor Books 2000,p304


l�identit� culturelle et la requ�te de ces populations a servi de fondement � une politique syst�matique de pr�ts culturels qui survivent, malgr� l�opposition directe des ministres des finances qui constituent le conseil d�administration de la Banque.
     L�autre exemple fort et multiple nous vient depuis une quinzaine d�ann�es ,des minorit�s  d�Europe qui nous montrent, par l�usage cr�atif qu�elles en  font, que les nouvelles technologies   hors ligne   et  en ligne ,  vont de pair avec la sauvegarde active des langues et des cultures  et l�expansion �conomique : essor parall�le de la langue basque et d�veloppement des centres d�auto-formation � l�informatique et  � l��lectronique,renforcement de la culture galloise et extension de l�enseignement � distance en ligne, naissance de la premi�re universit� ouverte au monde enti�rement fond�e sur le Web(20)  et dispensant ses cours en langue catalane�les exemples abondent(on pourrait ajouter l�Irlande et Isra�l) et interpellent les r�gions de langues et cultures majoritaires�.

Quelques lueurs d�espoir

Les technologies de l�information et de la communication  pr�sentent un aspect fascinant pour
le sociologue et l��ducateur  parce qu�� c�t� des �checs patents, les apprenants inventent toujours des modes d�appropriation ,des usages  non pr�vus par les concepteurs et les technocrates  responsables des politiques �ducatives.On peut esp�rer que des appareils comme le SIMPUTER indien (21)  qui sera prochainement dot�  de syst�mes de passage du texte � la voix pour les publics illettr�s vont donner naissance � des usages non orthodoxes qui feront progresser le niveau d�information,  susciteront   le d�sir d�apprendre � lire  et am�neront  progressivement � l�acquisition de  ces comp�tences qui permettent de se d�gager de la pauvret� h�r�ditaire.
Comme l�indique le rapport du PNUD, �L�acc�s � l�information est aussi important que l��ducation pour construire les capacit�s humaines.Alors que l��ducation d�veloppe les capacit�s cognitives , c�est l�information qui donne du contenu aux connaissances. �(p.35-36).

Encore faut-il qu�au-del� de la planification imm�diate des r�seaux et de l��quipement des  �coles ,universit�s,centres d�acc�s et de formation,s�instaure,au Nord comme au Sud, une politique peu spectaculaire mais soutenue visant �  identifier les technologies appropri�es,� former les ma�tres et � instaurer des modes de partage de l�information en r�duisant les foss�s num�riques internes  et surtout externes,les barri�res dress�es par  les disparit�s de revenus ,les diff�rences de culture,d��ge ou  de  sexe  des personnes susceptibles d�en b�n�ficier.Les statistiques les plus r�centes � ce sujet nous paraissent raisonnablement encourageantes mais la route � parcourir reste longue.


                  Fran�ois Marchessou
       �OAVUP Universit� de Poitiers,2001
nb :version compl�te de l�article de J.Fr .Cerisier et Fr.Marchessou in Herm�s , Les Cahiers du Num�rique, �Nord et Sud Num�riques,3/4 2001. (20)
(21)p.35,rapport PNUD 


L'utilisation des m�dias en synergie:
Une tendance historique
http://www.edusud.org/ressources/ntic/uni/2.html

L'audiovisuel avec l'apparition des normes num�riques, de Quicktime � MPEG7, repr�sente � lui seul un champ d'observation de l'�volution des m�dias d'un support fig� lin�aire vers des plateformes interactives �volutives. On constate ainsi que le rapport entre les usage de la vid�o num�rique en formation et ceux du multim�dia (sous forme c�d�rom et/ou on-line de type Internet), peut exister selon trois modes :


  • mode confrontatoire : vid�o num�rique versus multim�dia
  • mode n�gociatoire : cohabitation passive
  • mode synergique : tirer parti des avantages et des atouts de chacun.

Fran�ois MARCHESSOU (1994, p.163) pr�sente ainsi un dispositif multim�dia qui combine l'usage de l'ordinateur, de la vid�o et de la t�l�matique, mais il pr�cise que pour lui la vid�o est l'�l�ment principal, pivot du dispositif.
Nous pouvons aussi essayer de comparer la circulation de l'apprenant � l'int�rieur d'un document audiovisuel num�ris� � celle r�alis�e avec d'autres supports multim�dias, comme une base de donn�es ou Internet, et essayer de d�duire les activit�s cognitives et d'apprentissage qui en r�sultent. L'enjeu sous-jacent est la gestion de l'interactivit�, variable qui mesurerait le passage du comportement passif au comportement actif dans l'apprentissage, avec l'hypoth�se que trop d'interactivit� serait n�faste � l'apprentissage, et qu'il faut trouver le point optimal pour de bonnes conditions d'apprentissage.
La vid�o � la demande est-elle plus pertinente en formation que le multim�dia ?
On constate qu'en terme de possibilit� d'interactivit�, la vid�o � la demande se situe dans une �chelle qui s'�tend du m�dia vid�o lin�aire (limite de l'interactivit� fonctionnelle) jusqu'au multim�dia et � Internet (interactivit� de 100%, permettant la "navigation"), voir figure ci apr�s.
Inconv�nients des deux extr�mes : pour la vid�o, l'apprenant est captif de la lin�arit� du discours, qui pr�sente un risque de d�motivation s'il lui est mal adapt� et donc de "d�crochage" de l'attention. �tant donn� l'h�t�rog�n�it� (souvent volontaire) des groupes d'apprenants, il peut s'av�rer difficile de satisfaire toutes les attentes des �tudiants en m�me temps et sur toute la dur�e de la s�ance.
Pour le multim�dia et Internet, trop de choix sont possibles et il n'y aurait pas assez de contr�le sur les parcours offerts aux apprenants. Ils pourraient passer jusqu'� 80% de leur temps de consultation en navigation, contre 20% seulement d'apprentissage r�el ou utile. Pierre MOEGLIN s'�tonne lui aussi que l'on attribue � celui qui ne conna�t pas le domaine � apprendre la capacit� de savoir ou aller trouver l'information qu'il doit acqu�rir. Comme le r�sume Monique LINARD : "naviguer sans se perdre dans un oc�an d'hypertextes n'est pas donn� � tout le monde".

2 - L'utilisation des m�dias en synergie : une tendance historique

L'audiovisuel avec l'apparition des normes num�riques, de Quicktime � MPEG7, repr�sente � lui seul un champ d'observation de l'�volution des m�dias d'un support fig� lin�aire vers des plateformes interactives �volutives. On constate ainsi que le rapport entre les usage de la vid�o num�rique en formation et ceux du multim�dia (sous forme c�d�rom et/ou on-line de type Internet), peut exister selon trois modes :

  • mode confrontatoire : vid�o num�rique versus multim�dia
  • mode n�gociatoire : cohabitation passive
  • mode synergique : tirer parti des avantages et des atouts de chacun.

Fran�ois MARCHESSOU (1994, p.163) pr�sente ainsi un dispositif multim�dia qui combine l'usage de l'ordinateur, de la vid�o et de la t�l�matique, mais il pr�cise que pour lui la vid�o est l'�l�ment principal, pivot du dispositif.
Nous pouvons aussi essayer de comparer la circulation de l'apprenant � l'int�rieur d'un document audiovisuel num�ris� � celle r�alis�e avec d'autres supports multim�dias, comme une base de donn�es ou Internet, et essayer de d�duire les activit�s cognitives et d'apprentissage qui en r�sultent. L'enjeu sous-jacent est la gestion de l'interactivit�, variable qui mesurerait le passage du comportement passif au comportement actif dans l'apprentissage, avec l'hypoth�se que trop d'interactivit� serait n�faste � l'apprentissage, et qu'il faut trouver le point optimal pour de bonnes conditions d'apprentissage.
La vid�o � la demande est-elle plus pertinente en formation que le multim�dia ?
On constate qu'en terme de possibilit� d'interactivit�, la vid�o � la demande se situe dans une �chelle qui s'�tend du m�dia vid�o lin�aire (limite de l'interactivit� fonctionnelle) jusqu'au multim�dia et � Internet (interactivit� de 100%, permettant la "navigation"), voir figure ci apr�s.
Inconv�nients des deux extr�mes : pour la vid�o, l'apprenant est captif de la lin�arit� du discours, qui pr�sente un risque de d�motivation s'il lui est mal adapt� et donc de "d�crochage" de l'attention. �tant donn� l'h�t�rog�n�it� (souvent volontaire) des groupes d'apprenants, il peut s'av�rer difficile de satisfaire toutes les attentes des �tudiants en m�me temps et sur toute la dur�e de la s�ance.
Pour le multim�dia et Internet, trop de choix sont possibles et il n'y aurait pas assez de contr�le sur les parcours offerts aux apprenants. Ils pourraient passer jusqu'� 80% de leur temps de consultation en navigation, contre 20% seulement d'apprentissage r�el ou utile. Pierre MOEGLIN s'�tonne lui aussi que l'on attribue � celui qui ne conna�t pas le domaine � apprendre la capacit� de savoir ou aller trouver l'information qu'il doit acqu�rir. Comme le r�sume Monique LINARD : "naviguer sans se perdre dans un oc�an d'hypertextes n'est pas donn� � tout le monde".